Photos by BIRON: Verges Victorieuses   

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L'art est soit plagiat, soit révolution. -Paul Gauguin

«Le sexe fait partie intégrante de notre vie, sans lequel nous n'existerions même pas, la sexualité occupant une place centrale dans l'imagination collective et la production artistique depuis toujours ....

«Dans plusieurs pays européens et tribus indigènes, la nudité exposée dans les espaces publics est naturelle, la polygamie est acceptée dans certains pays islamiques, la prostitution est une pratique légale dans certains états, condamnée dans d'autres, dans d'autres pays où l'avortement est gratuit. Là où c'est interdit, même le concept d'enfant a changé avec le temps, tout comme sa compréhension en termes d'âge.

«Le seul principe absolu, auquel nous ne pouvons renoncer, c'est le respect de l'autre, de la différence et de la liberté artistique, par conséquent, il est nécessaire de réaffirmer le besoin et l'espace du dialogue, lui permettant de créer des conditions - chacun de nous avec ses propres croyances, pratiques, orientations politiques et sexuelles - pour vivre ensemble en harmonie.»

-Préface aux «Histoires de la sexualité» le Musée d'Art de San Paulo (MASP), du 20 octobre 2017 au 2 février 2018.

En plus de cette exposition récente au Brésil à San Paulo, d'autres grands musées sous l'impulsion de conservateurs éclairés, d'historiens de l'art et de collectionneurs, contestent la notion d'art conventionelle et rejettent le point vue purement négatif envers la pornographie. Par exemple, avant l'exposition «Les hommes nus - De 1800 à nos jours qui eut lieu au Musée Leopold à Vienne, du 19 octobre 2012 au 28 janvier 2013, «aucune autre grande exposition de musée», selon le site du musée d'Orsay, «avait opté pour une nouvelle approche, sur une longue perspective historique, de la représentation du nu masculin.» <musée Leopold >

Un an plus tard, le Musée d'Orsay à Paris, s'appuyant sur la richesse de ses propres collections et d'autres collections publiques françaises, a cherché à prendre une approche interprétative, ludique, sociologique et philosophique du nu masculin dans l'exposition: «Masculin /Masculin, L'homme nu dans l'art de 1800 à nos jours» du 24 septembre 2013 au 2 janvier 2014 <musée D'Orsay>. De ces deux expositions du nu masculin, le musée Leopold fut de loin le plus audacieux avec des pénis en érection.

Le slogan «verges victorieuses» formulé le 19 octobre 2013 par la journaliste Elodie Cambrera parut dans le magazine parisien Le Nouvel Observateur en réponse à la question de Camille Polllonni: «Pourquoi n'y a-t-il pas de pénis en érection dans l'exposition Masculin/Masculin au Musée d'Orsay?»

Xavier Rey, le conservateur de cette exposition et du Musée d'Orsay, a expliqué: «Bien que l'homme soit corps, l'homme est désir et le corps de l'homme réagit au désir .... Mais représenter le sexe dressé soulève un roblème :épidermique: où situer la limite entre l'art et la pornographie? .... le Musée a fait un choix artistique en décidant de ne pas montrer des verges en érection .... »

Elodie Cambrera y ajoutait: «De nombreux artistes se sont attachés à reproduire des verges victorieuses, qu’il s’agisse d’Egon Schiele dans ses «nus autoportraits» ou de Jean Cocteau à travers ses dessins érotiques pour l’ouvrage «Querelles de Brest» de Jean Genet. Le Musée d’Orsay, qui expose ces mêmes artistes, a préféré piocher parmi leurs oeuvres les plus pudiquement correctes.»

Cet article du Nouvel Observateur a suscité un échange de mails transatlantiques animés entre moi et Nicole Canet - propriétaire de la galerie Au Bonheur du Jour - qui m'a représenté à Paris d'octobre 2004 à avril 2018. Nous nous sommes demandés à ce moment-là: Pourquoi ne pas répondre à cette omission flagrante dans l'exposition d'Orsay avec notre propre contre-exposition intitulée: «Verges victorieuses» qui présenterait certaines de mes photos de mâles multiculturels avec leur pénis dressés? J'avais déjà commencé à sélectionner les images lorsqu'une nuit, une pierre fut jeté dans une vitrine de la galerie de Nicole Canet qui était encore occupée dans la galerie ce soir-là. Craignant d'autres actes de vandalisme ou d'autres représailles si elle montait cette expo controversée, l'idée d'une exposition de mes Verges victorieuses a été abandonnée.

Aujourd'hui, dix ans plus tard, et à l'âge de 82 ans, n'est-il pas temps que l'on réalise cette exposition «Verges victorieuses» avec 37 portraits de mes modèles multiculturels de 1993 à 2016? Cette expo ne serait qu'une petite tentative pour rectifier le déséquilibre historique où la nudité féminine fut régulièrement exposée tandis que le nu masculin - surtout lorsqu'il est en érection - a rarement été présenté dans un contexte positif dépourvu d'un moralisme obsolète harcelant largement incontesté au 21e siècle.

La parution de cette expo en 2018 a suscité la rupture permanente de ma longue association avec Nicole Canet et la galerie Au Bonheur du Jour à Paris quand elle a refusé les tirages photographiques de cette exposition que je lui avais postée parce que ces photos allaient au-delà de normes acceptables et ne seraient d'aucun intérêt pour ses clients.

La représentation d'un pénis en érection est par définition pornographique et preuve d'excitation sexuelle masculine qu'elle soit auto-générée ou qu'elle soit involontaire comme est souvent le cas chez les jeunes en bonne santé. Cet état érotique involontaire bien que tout à fait naturel, peut néanmoins être un embarras quand, par exemple, un jeune lutteur se trouve en public dans son maillot de lutte avec une érection ou, selon mon expérience, un modèle s'excuse pour une érection involontaire en se déshabillant pour une séance photo.

«Ce n'est pas de la pornographie, c'est de l'art!» Cet argument familier suppose que le mot 'pornographie' est un jugement de valeur purement négatif quand il s'agit essentiellement d'un mot descriptif d'origine grecque classique signifiant tout simplement "une image (graphie) + érotique (porno)". La Cour suprême des États-Unis a soutenu cette position négative en interdisant les images et les écrits jugés obscènes et sans valeur sociale rédemptrice auxquels les garanties de liberté d'expression du Premier amendement de la Constitution américaine ne s'appliquaient pas.

Dans ce monde dominé par la réalité virtuelle où pendant la seule année 2017, Pornhub a reçu 28,5 milliards de visites, de bons arguments peuvent être avancés que les millions d'images sexuelles en ligne servent à dissuader les crimes sexuels et est une expression du 'safe-sex' que l'on encourage. Combien de victimes sont épargnées les horreurs du SIDA ou d'un viol à cause de l'impact social positif de la pornographie? N'est-ce pas une valeur sociale rédemptrice suffisante? Un argument semblable pourrait peut-être être avancé pour la légalisation de la prostitution.

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Les photos de cette exposition – épreuves argentiques (30 x 20 cm) signées, datées et envoyées à Nicole Canet à Paris – font partie de la Collection BIRON dans les archives de l'Institut Kinsey à Bloomington, Indiana aux Etats-Unis depuis 2021. L'Institut Kinsey est une entreprise proactive dédiée à la promotion des valeurs de son fondateur et non un cimetière de matériel lié au sexe. Mes photos sont destinées à être exposées et appréciées librement comme elles le sont sur mon site depuis 1996, et non stockées et cachées au public.

-Biron, San Francisco, le 20 avril 2018 (revisé le 12 septembre 2023)    

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Le cuir noir et plusieurs des autres costumes portés par les modèles avec la permission de Peter Berlin.